Maintenant que nous sommes debout

DE Vanessa Bettane & Séphora Haymann
MISE EN SCÈNE Véronique Caye

Maintenant que nous sommes debout est une forme d’enquête sur les traces de nos origines, l’exil du Maroc et de l’Algérie.

Une tombe, des maisons quittées à la hâte, des histoires racontées, la guerre, des apparences trompeuses. La mémoire d’une histoire familiale, qui résonne comme une coquille vide et souvent bien plus folle qu’une fiction. Une forme de théâtre documentaire, le nôtre.

Écrire l’exploration de notre histoire intime sans chercher à la lisser, ni à la réconcilier.

CONCEPTION, ÉCRITURE ET INTERPRÉTATION Vanessa Bettane & Séphora Haymann
DRAMATURGIE Stéphane Schoukroun, Vanessa Bettane, Séphora Haymann
COLLABORATION ARTISTIQUE Valérie Thomas
MISE EN SCÈNE IMAGES ET CRÉATION VIDÉO Véronique Caye
CRÉATION LUMIÈRE Laurent Bénard
CRÉATION MUSIQUE AVC ET SONS Notoiof et Pregdan Mirier
PIÈCE SONORE ET MUSIQUE Dominique Petitgand, L’amorce des consignes, 1997
MUSIQUES UTILISÉES Magas One Hundred Ten, Soap&Skin Voyage voyage

PRODUCTION Fab – théâtre de Belleville, Compagnie Mare Nostrum
PARTENAIRES Spedidam, CentQuatre, Théâtre Paris-Villette, Ménagerie de Verre (dans le cadre du Studiolab).
Résidence à la Ferme du Buisson – Scène Nationale de Marne-la-Vallée.

À l’origine il y a… Séphora

Ce que j’en sais : Ma mère a quitté le Maroc à 14 ans avec ses parents et ses 6 frères et sœurs, une nuit, en laissant tout derrière elle, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes. La vie pour les Juifs devenait dangereuse. Arrivée à Châtillon sous Bagneux, on a déchiré son passeport marocain devant ses yeux, elle devenait française. Ma grand-mère, cardiaque de naissance, analphabète, mariée à un homme presque aveugle qu’elle n’avait pas choisi mais qu’elle a follement aimé était en décalage avec cette vie française froide et isolée.

Ma mère a franchi un tel pont avec mon éducation et avec la vie qu’elle a choisi de me donner qu’il me semble que je n’ai jamais pu comprendre cette culture, cette vie marocaine, ce pays que je porte mais dont je ne connais rien et où je n’ai jamais mis les pieds. Ma grand mère est morte en 2011 et la langue de ma mère se délie, devient prolifique.

« Je n’ai pas pu te transmettre le Maroc, je ne l’avais pas perdu. Il est parti avec ma mère. C’est maintenant que je peux te le donner. »

Ce qui me reste ? Des mots en judéo-arabe entendus quand ma mère et ma grand-mère parlaient entre elles, des mots d’amour ou des insultes dans cette langue.

C’est tout. Et des images, des anecdotes plus folles les unes que les autres, des fantasmes d’une vie dont je ne connais rien, que je n’aime pas d’emblée et qui est pourtant si proche. Familier et étranger. Autour et dedans.

À l’origine il y a… Vanessa

Ce que j’en sais : Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père.
Il est né en Algérie, je ne sais pas où précisément. Il a vécu à la frontière marocaine, à Mascara. Sa famille est là depuis des générations. Son père était militaire. Il vivait en famille dans une grande maison : cousins, cousines, oncles, tantes, grands-parents… Ensemble.

Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Quand j’entends parler de l’Algérie, c’est des détails, des anecdotes… l’odeur des figues, en été, dans le sud de la France.

La guerre est venue complexifier les rapports de mon père avec son pays d’origine. À 17 ans, il quitte l’Algérie, laissant tout derrière lui, sa maison, ses affaires, ses meubles, ses habitudes, « c’était la valise ou le cercueil » répète-t-il.

Il n’y retournera que quelques années plus tard. Pour faire la guerre. En tant que français. Mon père a fait la guerre du côté des français. J’aurais préféré avoir un père déserteur.

Je ne sais presque rien de l’histoire de mon père. Ce qu’il tait depuis que je suis née, je cherche à le formuler. J’ai la sensation d’être une exploratrice à la recherche du moindre indice qui pourrait me donner une clé, un début. Le début de mon histoire, de ce qui m’appartient. Des réponses à mes questions.

« Ce qui à la fois déroutant par moments et foutrement intelligent dans ce spectacle c’est le fait de rendre visible le cheminement d’une recherche, d’une écriture, d’une création. Tout au long du spectacle, nous assistons à une construction, un chantier dont nous voyons le terrassement, les murs, les fenêtres, les portes, les peintures et les couleurs. » Abdel djallil Boumar, LE SOUFFLEUR

« Vanessa Bettane et Séphora Haymann ont l’intelligence de nous faire ressentir leur peine et le vide sans tomber dans le pathos. Elles nous parlent de janvier et de novembre 2015, de cette fiction de violence qui dépasse la réalité d’un passé oublié de force. Le rythme est soutenu et entraînant jusqu’à la fin, quand elles se couchent sur un monticule de poussière d’or : un peu leur petit coin à elles. » Alice Bouleau, LES 5 PIÈCES

« UElle est courte cette fresque pourtant mais en un peu plus d’une heure elles parviennent à ramasser et amalgamer comme une énorme boule de matière toute la mixité ulturelle de cette génération, son incroyable richesse, ses
incompréhensions, ses désillusions mais aussi sa force. » Audrey Jean, THEATRES.COM

« On est séduit par le travail d’écriture de plateau, par son rythme, sa fluidité, sa fragilité aussi : par la scénographie sobre et précise, autour de cette « valise en
carton » des souvenirs d’autres vies. » Matthias Daval, I/O GAZETTE

« Il en résulte un spectacle qui brouille à dessein les limites entre réalité et fiction, qui explore au plateau la frontière entre le réel et le vrai. » Isabelle Stibbe, LA TERRASSE

« Il en résulte un spectacle qui brouille à dessein les limites entre réalité et fiction, qui explore au plateau la frontière entre le réel et le vrai. » Isabelle Stibbe, LA TERRASSE

CRÉATION novembre 2017 au Théâtre de Belleville (Paris)
TOURNÉE Avignon OFF 2017 à La Manufacture – Collectif contemporain