Wasted

Compagnie Méchant Méchant / Théâtre de la Mascara

DE Kae Tempest
MISE EN SCÈNE Martin Jobert

Wasted : gaspillé, perdu, raté, défoncé

Ted, Charlotte et Dan célèbrent les 10 ans de la mort de leur ami Tony. C’est une déflagration pour ces jeunes adultes. Que seraient-ils devenus s’il n’était pas mort ? Et qu’ont-ils fait depuis leur 15 ans ? La réponse est cinglante : rien. Rien n’est advenu, l’impression réelle d’être passé à côté de leurs rêves et quoiqu’installés, ou presque, s’enliser dans les faux semblants et la vacuité d’un quotidien morne, aussi morne  que leurs amours sans illusion. Alors en cette nuit de commémoration, prendre une dernière ligne de coke, se défoncer et tirer un trait définitif sur tout ça, partir peut-être. Loin. Changer tout.

Repartir à zéro.

Mais en sont-ils capable ?

DE Kae Tempest
MISE EN SCÈNE Martin Jobert
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Fabien Chapeira et Ada Harb
AVEC Simon Cohen, Fabien Chapeira ou Raphaël Mars, Tristan Pellegrino,Kim Verschueren
CONCEPTION DÉCORS Louis Heiliger
CRÉATION LUMIÈRE Gautier le Goff
CRÉATION SONORE Raphaël Mars
COSTUMES Juliette Chambaud

PRODUCTION Théâtre de la Mascara, Studio ESCA, Nouveau Théâtre de l’Atalante, Région Hauts de France, Département de l’Aisne, Adami
DIFFUSION
Fabriqué à Belleville

Il arrive qu’à 20 ans on regrette déjà nos 15 ans. Est-ce un stigmate contemporain, un symptôme de notre époque ?

WASTED parle de Londres et de sa jeunesse. J’ai grandi à Paris, ne parle pas anglais et je ne suis jamais allé a Londres. Pourtant, WASTED parle de moi.

Cette pièce a manqué à ma jeunesse. Kae Tempest pose un regard doux sur sa génération (la mienne), un regard qui part de l’intérieur sans misérabilisme ni grandiloquence. Un regard qui n’évite pas le ridicule et la médiocrité des drames et des joies qui tapissent le quotidien.

Ted, Dan et Charlotte doutent, iels sont désorienté.e.s. Le monde change, mais sans ell.eux. Iels se sentent à la traîne, loin, très loin de “là où ça se passe », à l’écart du centre du monde, à l’écart d’ell.eux-mêmes… Ratés existentiels, et conscients de l’être, iels ont pourtant à leur actif une situation stable qui leur offrirait la possibilité de changer. Ou bien les mille et une justifications qu’offre la mauvaise foi.

Célébrer Tony, leur ami mort il y a 10 ans les amènent à faire face à un tout autre deuil : celui de leur ancien futur glorieux. Il est difficile d’accepter de ne plus avoir « la possibilité de ». Je me souviens encore du choc, devant la télévision, lorsque j’ai vu pour la première fois dans un match de foot, un joueur plus jeune que moi entrer sur le terrain. À cette seconde, j’ai enterré un rêve d’adolescent que j’avais pourtant oublié, celui de devenir footballeur professionnel. Malgré toute la volonté et l’entraînement nécessaire, ce ne serait plus possible, il était trop tard. Micro-drame pour moi, évidence pour les autres.

Bercés par des exemples de réussite de plus en plus jeunes qu’on érige malgré nous en modèle, on en vient à se demander si on n’a pas raté sa vie quand à 25 ans on n’a soulevé aucun ballon d’or, remporté aucun oscar, posé pour aucune couverture de Vanity Fair et qu’on n’est pas reconnu pour son engagement militant. Non, je ne serai pas le plus jeune acteur oscarisé de tous les temps. Non, je ne serai pas riche puisque je serai intermittent du spectacle. Pourtant, on me l’a assuré toute mon enfance : « quand on veut on peut ».

Les rêves qui nous paraissaient si facilement atteignables hier nous semblent aujourd’hui irréalisables. Mais à quel moment sont-ils devenus impossibles ? Quel à été le point de bascule ?

Et puis qu’est ce qui nous attache réellement à notre quotidien ? Qu’est ce qui nous ancre à ce point dans une vie qui ne nous satisfait que partiellement ?

L’habitude sans doute, peut-être la peur… Et il y a aussi la fête, l’alcool et la drogue qui permettent parfois de maintenir l’illusion que tout est encore possible.

Ces questionnements ont trouvé en moi un écho fracassant. C’était la première fois que ce sentiment qui me traversait discrètement depuis plusieurs années m’était exprimé si clairement. Kae Tempest le traite avec simplicité et humour sans jamais tomber dans le fatalisme.

Et puis peut-être qu’abandonner nos idéaux est un acte plus héroïque qu’on ne le croit. Après tout, les plus grands mythes sont pleins de martyrs et de sacrifices. Et la beauté n’appartient peut-être pas qu’au grandiose.

« La mise en scène sensible de Martin Jobert traduit un regard délicat, et plein d’empathie, sur une jeunesse tardive qui se cherche encore, qui refuse de devenir adulte dans un monde où les promesses d’antan ont fait long feu. »

TELERAMA

« Ce spectacle travaille la matière textuelle avec une grande finesse, et un engagement des comédiens sans faille. La présence de Fabien Chapeira, fine silhouette qui apparaît de dos, et qui chante à la manière d’un contre-ténor baroque, comme le fantôme de l’ami disparu, est tout à fait captivante et énigmatique et le chant, comme la musique, sont les fils conducteurs de cette création qui transmettent une émotion vibrante. On les aime, ces personnages encore jeunes mais déjà adultes qui ont du mal à grandir, car ils nous ressemblent aussi beaucoup.»

ARTISTIK REZO

CONTACT

Diffusion 

Prune Bonan – p.bonan@fabriqueabelleville.com – 06 66 47 62 85

Le 6 décembre 2024 – Théâtre Exchange #5 – Le Grand Bleu, Lille

Les 14 et 15 décembre 2024  – Festival Impatience – Théâtre Louis Aragon, Tremblay en France