Les Raisins de la Colère

Traduction Marcel Duhamel et Maurice-Edgar Coindreau

Avec Valérie Blanchon, Hugues Duchêne, Karl Eberhard, Alexia Hebrard, Lauriane Mitchell, Mickaël Pinelli, Jean-Yves Ruf, Edouard Sulpice

Adaptation et mise en scène Hugo Roux

Scénographie Juliette Desproges

Lumière et régie générale Hugo Fleurance

Son Camille Vitté

Costumes Louise Digard

Vielle à roue Guilhem Desq 

Coiffures et maquillage Françoise Chaumayrac 

© Éditions Gallimard

Crédit photos Hugo Fleurance

Coproductions 
Maison des Arts du Léman – Scène Conventionnée, Le Phénix – Scène Nationale de Valenciennes, Château Rouge Annemasse – Scène Conventionnée, Théâtre de Vénissieux – La Machinerie – Scène Conventionnée, Les Colporteurs – Réseau transfrontalier

Soutiens
Ville d’Annecy, Département de Haute-Savoie, Région Auvergne-Rhône-Alpes, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, Théâtre National Populaire – CDN, Les Tréteaux de France – CDN, La Manekine – Scène intermédiaire des Hauts-de-France, SPEDIDAM

Hugo Roux est artiste associé à la Maison des Arts du Léman – Scène conventionnée. 
La Compagnie Demain dès l’Aube est membre de la Coopérative artistique des Collines à Annecy.    « 

Après Leurs enfants après eux, épopée sociale ancrée dans la France des années 90, je souhaite adapter à nouveau un roman à la scène. La liberté que permet cette mécanique vis à vis du texte et le souffle qui s’en dégage me pousse, une fois de plus, vers cette matière.

Les Raisins de la Colère, roman majeur du XXème siècle, est une oeuvre épique qui décrypte avec une précision quasi clinique les rapports sociaux. L’analyse croisée que propose Steinbeck entre l’exode d’une famille de travailleurs de la terre et la description de l’accélération de la violence du système capitaliste me semble contenir une véritable puissance théâtrale. Fort de cette conviction, j’ouvrirai les portes de Demain dès l’Aube à des acteurs d’expérience et d’âges différents. Loin de faire la distinction entre les générations, la sauvagerie de la crise économique s’abat sur tous les personnages et sur l’Humanité. C’est cette violence que je souhaite explorer. La distribution inclura donc les jeunes gens et les parents. Ma recherche, depuis plusieurs créations maintenant, se concentre sur le lien entre les individus et l’économie. Comment les hommes sont-ils modifiés dans leur être le plus intime, dans leur chair même, par un système auquel ils apportent chaque jour leur force de travail ? La colère est un sentiment fondamental et Steinbeck nous livre dans ce roman les secrets de sa circulation dans la société et plus particulièrement chez les opprimés. Je souhaite la transformer en un moteur de jeu et raconter la destinée de la famille Joad au plus grand nombre. Il me semble aujourd’hui que la colère est pointée du doigt comme un sentiment vulgaire et toujours inapproprié dans une société dont la volonté est de garantir le calme et l’apaisement.

Elle est utilisée pour décrédibiliser tout intervenant qui en ferait preuve dans un débat politique. Ce spectacle est une entreprise de réhabilitation envers la colère salvatrice, celle qui libère.

Le théâtre permet cet acte simplissime et si puissant qu’est celui de donner la vie à des êtres de papier. Après Leurs enfants après eux, roman qui dépeint lui aussi des laissés-pour-compte, je souhaite incarner l’épopée steinbeckienne afin de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas eue. Le périple de la famille Joad est écrit dans la langue âpre et argotique des Okies. C’est une formidable matière à jouer. De station en station, nous vivrons chaque étape du délitement de la cellule familiale qui, à chaque revers, voit grandir sa conscience de classe.

Les comédiennes et les comédiens réunis ici sont tous dépositaires d’un lien avec la Terre, ils incarneront ces personnages ruraux, déracinés. Nous les ferons évoluer dans un univers post-apocalyptique. Suite à une catastrophe (climatique, nucléaire, …) le sol ne produit plus et les migrations commencent. Les Raisins de la Colère sont bel et bien à conjuguer au futur. Nous souhaitons construire un spectacle qui ne soit pas un reflet du passé mais un avenir potentiel pour une grande partie de l’humanité.

En 1855 Zola écrivait dans Germinal : “Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. ”

Quatre-vingt-quatre ans plus tard Steinbeck se fait le porte-voix de cet éclatement, à notre tour, d’être les relais de cette fureur émancipatrice.

Hugo Roux